"Tu as intérêt à faire attention à l’endroit où tu veux construire ta maison", résume Mahaut, dix ans, après avoir passé la journée à l’Observatoire Loire de Blois avec sa classe de CM2. Cette classe de 26 élèves vient de l’école de Candé-sur-Beuvron, une des nombreuses communes touchées par les importantes inondations de 2016. Dès 2015, la région Centre-Val de Loire et l’Europe ont financé des actions de sensibilisation des scolaires au risque inondation le long de la Loire ou de ses principaux affluents.
L’action a été initiée par la Fédération des maisons de Loire, qui réunit cinq établissements, du Cher à l’Indre-et-Loire en passant par le Loiret et le Loir-et-Cher. Le contenu de la sensibilisation a été préparé par les maisons de Loire et les conseillers pédagogiques de l’Éducation nationale du territoire afin de répondre au programme de cycle 3.
- Mieux connaître le risque d’inondation
L’animation se déroule sur une journée entière ou deux demi-journées, dans la commune des élèves. "Nous faisons des recherches dans les communes : d’abord un repérage du terrain, mais aussi une collecte des photos du village auprès de la mairie", précise l’animatrice nature à l’Observatoire Loire de Blois, Justine Gandolfi. La matinée porte sur la partie théorique : fonctionnement du fleuve, origine des crues, notion de bassin versant. "Avec des outils de photos-langage, on fait parler les enfants, on leur montre qu’il s’agit d’un milieu vivant, que la crue est un phénomène naturel et que l’on parle d’inondation lorsque la crue a un impact sur l’activité humaine", explique la coordinatrice de l’Observatoire, Béatrice Amossé. "L’après-midi, on lit le paysage : les digues, les levées, les déversoirs, les marques des crues qui en sont la mémoire."
- Maquettes pour une pédagogie concrète
Les animations reposent sur deux maquettes, très pédagogiques. Avec la maquette hydroLoire, les élèves deviennent de petits bâtisseurs et peuvent installer leur maison où ils le souhaitent. Mais attention, lorsque la crue arrive, ils devront décider, comme des élus, d’aménager le territoire en conséquence… et en conclure qu’il n’aurait pas fallu construire dans les zones inondables ! La seconde maquette représente une maison inondée et permet d’aborder les premiers gestes à faire, comme couper l’électricité, écouter la radio, mais aussi la solidarité du territoire. L’animatrice évoque l’évacuation vers les gymnases mis à disposition par les communes en attendant la décrue. C’est aussi l’occasion d’expliquer que la décrue est plus longue que la crue, en raison de l’imperméabilisation des sols. "Nous leur disons : si vous achetez une maison, attention, renseignez-vous ; nous sommes responsables de ce que l’on fait", souligne la coordinatrice. Un message très bien passé chez la jeune Mahaut…
- Faire comprendre les règles d’urbanisme
La sensibilisation poursuit de nombreux objectifs. D’après la coordinatrice, "le message aux enfants est de ne pas avoir peur de l’eau et qu’il est normal qu’elle déborde, qu’il faut vivre avec les caprices du fleuve". En matière d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté, il s’agit de connaître son territoire et de respecter les règles d’urbanisme. Sans oublier que les enfants en rediscutent à la maison avec leurs parents, ce qui permet de toucher un large public.
Après une phase test en 2013-2014, l’animation "sensibilisation au risque d’inondation" est financée par le conseil régional, l’État et le fonds européen Feder depuis 2016 (pour un coût de 1.000 euros par jour). A l’Observatoire Loire de Blois, de 28 à 30 classes suivent l’animation chaque année. Au total, en 2018, les cinq maisons de Loire ont réalisé 129 journées d'animation auprès de 3.217 élèves de cycle 3.
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